Par Dieu lassé…
Par tant de rimailleurs qui à l'immense Univers
Racontent leur chagrin de fourmi.—
Qu'importe à la mer, aux colonnes d'albâtre
Qui soutiennent la terre, qu'importe aux sommets
Qui mènent l'homme aux cieux, à la masse
D'azur que blondit le Soleil, au monde pur
Où s'éteint en pensée l'homme
Et le monde s'achève, fondu, en aile,
Quel chagrin peut bien causer aux astres en fête
Le fait que, parce qu'à Francisquin Antonia préfère
Un vigoureux Capitaine, Francisco se lamente?
Qu'Antonia trompe? Antonia trompe toujours!
Il faut travailler! Illuminer! Que le vers
Soit pic et pilon, astre et flamme,
Obélisque de feu, guide vers le Soleil!
Le miel de l'amour nous inonde jusqu'au cou.
Avec sa femme au bras, on doit aimer l'homme.
Qui veut de l'amour doit causer respect.
Et si un chagrin barbare, opiniâtre,
Et vaste comme la mer, t'envahit et te dévore,
Meurs, meus en silence, comme meurt
Engloutie par la mer, une montagne.
27 juillet/85
Tirée de: José Martí. Vers libres. Édition bilingüe établie par Jean Lamore, Prologue de Cintio Vitier. Paris, Harmattan/Éditions UNESCO, 1997. p. 155