
ÁRABE
Sans pompe vaine ô Arabe! Je salue
Ta liberté, ta tente et ton cheval.
Comme l'on voit de la mer les sommets
De la terre, ainsi je vois dans ma mémoire
Mes instants de bonheur ; ce furent seulement
Ceux-là au cours desquels, seul, à cheval
Je vis l`aube, évitai les danger, franchis les monts,
Et au retour, comme toi, farouche et herueux
Ayant lâché la bride, assoiffé je vidai
Une écuelle de lait odorant.
Les hommes, mon cher Maure,
Valent moins que l'arbre qui abrite
Le riche comme le pauvre, ils valent moins
Que les dos impérial de ton cheval.
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Oh, le vers ne vient plus ainsi qu'il le faisait
Tel un collier de roses, ou bien à la façon
Du chevalier à la belle épée
Le corps tout entier revêtu de lumière:
Il vient comme le bœuf, vieilli et fatigué
De traîner le timon sur une terre sèche.
Extrait de: José Martí. Vers libres. Édition bilingüe établie par Jean Lamore, Prologue de Cintio Vitier. Paris, Harmattan/Éditions UNESCO, 1997. p. 78 127.